Au bout du rouleau

J’ai terminé ma dernière saison (2014)  au bout du rouleau, seulement je le tenais encore ce rouleau, et j’ai senti que j’étais à deux doigts de le coller sur la tronche de mes partenaires.

Décidément j’aurais tout vu : Le faux-calme, le vrai énervé, le oui-oui, le balourd, et le pire de tous le fourbe, celui qui collectionne tous les défauts : polytoxicomane, érotomane, menteur, lunatique, tricheur, mauvaise foi, pinailleur, glandeur. LE Béber !

Le oui-oui est facile à décrire, il dit oui à tout mais ne comprend que le quart de ce que vous dites. Ce qui donne lieu à des surprises, mais pas longtemps. A la fin, on anticipe en ne lui faisant plus aucune confiance.

Le faux-calme (moi) fait le zouave pour détendre, il a toujours un petit mot pour détendre l’atmosphère, jusqu’au moment où il ne l’a plus. Celui-là est  potentiellement très dangereux.

Le vrai énervé, pas de problème, vous savez qu’il va péter un plomb, et ce à chaque service. Il va taper, gueuler, jeter des ustensiles et faire la tronche puis se taire.  Ce silence ne va pas sans poser quelques problèmes.

Le balourd n’est pas cuistot de formation. C’est un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il ne sait pas où sont rangés les ustensiles et se voit donc répondre des « dans ton cul » en permanence. Il ne sait pas où se mettre, ce qui lui vaut des « bouge ton cul » perpétuels. Et il est maladroit, ce qui se traduit par « ce sera retenu sur ton salaire. »

Quant au Béber ! C’ est un concentré de connerie à l’état brute, un mélange indigeste de sauce tomate, de base blanche et de sauce au bleu. Il peut plomber un restau  à lui tout seul. Bien souvent, le Béber est de la partie: il a tout vu, tout fait, on ne le la lui raconte pas !

D’entrée, il se présente comme l’homme de la situation, ecce homo ! … pour peu à peu se révéler comme l’entrave absolue : celui qui impose un contrôle permanent en détruisant la confiance qu’un patron peut placer en ses employés, le boulet. Il vient avant tous les autres employés pour mieux tricher sur les heures ; il repart avant tout le monde; il choisit ce qu’il sait faire et ne sait pas faire, refusant les taches ingrates comme sortir les poubelles. Il écrase sans pitié tout ceux qu’il estime être inférieur à lui (selon une échelle qui le prend pour mètre étalon) alors que lui-même est une sous merde. Il passe son temps au téléphone. Il la joue grand prince avec les clients « Salut tu vas bien? hahaha hohoho ». Ça le met en totale confiance, et du coup il n’hésite pas à sortir pendant le service en tenu de combat pour se mettre à l’entrée et reluquer les clients de la tête au pied, tout en reniflant d’une narine (héritage de son passé de cocaïnomane).

Celui là peut vous planter en plein de milieu de la saison, comme l’énervé, mais il est sadique, il prendra le temps de vous faire flipper : Viendra… viendra pas. Chaque jour est un pari pour demain. J’adore travailler avec des gars comme ça.

Quand j’ai su que je ne trouverai pas d’autres boulot que les cuisines en 2014, j’ai compris que  mon cursus doctoral était fini. C’était trop. En octobre de la même année, après avoir découvert le métier de cueilleur et d’herboriculteur (en travaillant dans une ferme chez des voisins), je me suis levé un beau matin d’automne, j’ai regardé l’horizon et me suis dit que ma voie était ici, là, maintenant.

Ici sont mes racines, et je veux les cultiver. Rien d’autre.

Mais finalement, cette voie, ne l’avais-je pas découverte sans m’en rendre compte quelques mois auparavant ?

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