Ne jamais oublier le four du bas. Celui où on colle les tartines sur des plaques de cuisson en acier, par quatre, ce qui nous fait entre 12 et 16 tartines. Quand on ouvre ce four aprés l’avoir oublié pendant disons 5 minutes. On obtient du charbon, fumant, pas franchement présentable. Un « Putain tu fais chier Binouze! » (c’est mon surnom). La pression remonte d’une coup, tout est à refaire. Vous regardez sur le frigo des saladettes, les bons de commandes qui s’ajoutent inexorablement. La serveuse vous jette un sourire en coin, l’air de dire, bien fait pour ta gueule, connard. T’avais qu’à me causer correctement.
La première année, quand je dormais après le boulot. Je rêvais que j’étais devant le four, et que quand je l’ouvrais, les plats me sautaient au visage, j’étais assailli, débordé, agressé. C’était le début. J’étais un commis. On était trois dans dix mètres carrés. La tension pouvait monter en un quart de four, pour un oui, pour un non, pour un « ta gueule connard ». Les casseroles, les poèles, les pidzs parfois volaient. Et s’écrasaient au dessus de mon épaule, pour retomber dans l’évier. Tandis que je récurais les gamelles, ou ma pelle à pidz couverte de fromage fondu.
Au bout de quelques années, on décida de créer un truc qui allait complètement révolutionner notre travail, notre cuisine fût équipée de l’ élément le plus emblématique de toute bonne cuisine qui se respecte…